Indispensables à la cohésion sociale et matérielle, les conventions régissent, sans que nous portions trop d’attention, la plupart de nos attitudes, facilitant ainsi, du moins en principe, l’intégration de la majorité d’entre nous. Patrice Duhamel interroge les conditions de notre réalité et les liens que nous entretenons avec les êtres et les choses en mettant en place des situations où se produisent ce qu’il appelle des « incidents socio-affectifs ». Ceux-ci supposent un rapport au réel où rien n’est acquis. Les objets n’ont aucune fonction prédéterminée; les êtres, échouant à tenir compte des règles comportementales, sont en position de rattrapage infini. L’artiste propose des projections vidéo qui présentent des mises en situation où des personnages glissent sans cesse d’une sensualité érotique à une violence marquée par une préhension déficiente ou encore par une célérité subite, sans pour autant que cela renvoie à un désir d’assouvir ou à un but à réaliser. Un corpus de dessins forme une sorte d’écho aux vidéos. Ils représentent des prototypes de relations ou de comportements, ou agissent comme des modèles psychologiques ou conceptuels inachevés, déréglés. Les formes humaines deviennent des machines, s’effritent ou encore sont modélisées en 3D mais de manière absurde.

Pour l’artiste, ces deux approches combinées contribuent à élaborer de nouveaux protocoles comportementaux ou, à tout le moins, de nouvelles manières d’en produire l’image.