Marie-Ève Pettigrew
Les faux départs (la suite)
Il est banal, ne trouvez-vous pas, de prévoir ce qui va arriver en tenant pour responsable la démarche artistique? J’ai pris l’habitude de travailler directement sur place. En apparence, il ne se passe pas grand chose. Rien ne bouge, les lieux et ses occupants sont muets, immobiles. Que fait-on dans un cas pareil? Serions-nous devenus impatients? Si ce n’est pas le cas, on s’apercevra que la personne qui est là se prépare à quelque chose. Bien souvent, c’est ce qui arrive, ça se passe comme ça et il faut laisser faire. Je travaille à laisser les choses aller afin que ce qui émerge de moi me dépasse. Personne ne sais à quoi s’attendre, pas même moi. Rien n’est définitif et tout peut arriver. C’est un processus qui se déroule directement sur place, dans la performance et s’enclenche selon la disposition des lieux et le comportement du public. Je suis entraînée dans un mouvement qui va de l’avant. Je vis des moments d’intensité qui me donnent la sensation d’être plus en vie qu’à l’ordinaire. La performance me place en situation inconnue propice à la surprise. On verra plus tard pour la suite des choses.
Marie-Ève Pettigrew est livreuse à bicyclette dans St-Roch, à Québec, et travaille à la diffusion de son art et de celui de ses compatriotes en développant, entre autres, la mise en marché d’un service de location et de vente de peintures entoilées.