Saison 2023-24

Leyla Majeri 
Fields of lores

Terminé Exposition 11.04-26.05.24  Vernissage 11.04.24 — 5 à 7
Vue satellite du territoire agricole où se situe le jardin, A'nenharihthà:ke (St-Eustache). Source de l'image : Google Earth (2022). Leyla Majeri 
Crédit photo: Donald Trépanier 
Crédit photo: Donald Trépanier 
Crédit photo: Donald Trépanier 
Crédit photo: Donald Trépanier 

La pratique artistique de Leyla Majeri prend racine dans la sculpture et le film expérimental, tout en se liant étroitement à l’expérience du jardinage. À travers le jardin comme lieu de réflexion et le jardinage comme geste de résistance, l’artiste cherche non seulement à déconstruire les dynamiques de pouvoir hiérarchiques et coloniales, mais aussi à contribuer activement à la transformation des systèmes. Le jardin s’inscrit ainsi dans une existence à la fois tangible et métaphorique, où il est d’une part source de vivres, de matériaux et de redistribution des ressources, et d’autre part, le reflet d’une société et d’un milieu culturel dont il importe de questionner les mécanismes de pouvoir et d’exclusion. Si Leyla Majeri puise dans la biologie et l’ethnographie pour nourrir son processus créatif, celui-ci se veut surtout décloisonné des carcans théoriques et des visions conventionnelles du savoir pour plutôt favoriser la mise en lien entre la matière, l’objet et la personne qui les reçoit. 

Avec son exposition Fields of lores, Leyla ramène à échelle humaine le gigantisme des aménagements agricoles industriels. Par l’entremise d’une installation faite de bandes de tissu et de sacs de semences – entièrement teints à la main à partir de plantes de son jardin – dont les angles et les formes rappellent la topographie et la division des terres, l’artiste déjoue les frontières et remet en perspective le regard porté sur le territoire. Les semences issues de la culture sans irrigation qu’elle pratique sur une parcelle située au cœur d’un champ agricole mettent en évidence la capacité d’autonomie, d’adaptation et de rencontre du vivant. Dans une trame sonore diffusée à partir d’un disque vinyle gravé de manière artisanale, des voix d’enfants invitent à l’écoute et à l’engagement, mais surtout, initient une mouvance dans l’ordre des connaissances érigées en certitudes. 

Texte de Gabrielle Izaguirré-Falardeau

 

Leyla Majeri vit à Tiohtià:ke / Mooniyaang / Montréal. Elle incorpore souvent dans ses installations des collages sonores, du texte et des végétaux qu’elle cultive sur une terre agricole où elle a aménagé un potager vivrier et des plantes médicinales. Lors de sa résidence au Chantier (L’imprimerie, 2022), elle a créé un jardin de plantes servant à développer des images comme point de départ d’une réflexion collective sur les savoir-faire et les approches alternatives et décoloniales de l’image. Avec Harness the Sun (Arprim, Montréal, 2016), elle initie un dialogue entre sa pratique artistique et sa pratique de jardinage qu’elle relie aux écologies présentes entre la matière, l’imaginaire et le politique. Depuis Don’t Blame Us If We Get Playful (Galerie de l’UQAM, 2018), Garden Archive – There’s a wasp who penetrates the ladybug (CIRCA, Montréal, 2019) et Anticiper l’Hyper-mer (OPTICA, Montréal, 2023), elle poursuit cette exploration où elle conjugue différents langages et territoires de pratique, matérialités, formes de vie et biotopes.