Saison 2021-22

Jon McCurley
Skull Island
Commissaire : Jenn Jackson

Terminé Résidence 13-30.03.22 Exposition 31.03-24.04.22 Vernissage 31.03.22 18h à 20h
Crédit photo : Jon McCurley 
Crédit photo : Donald Trépanier 
Crédit photo : Donald Trépanier 
Crédit photo : Donald Trépanier 

L’impérialisme cinématographique hollywoodien s’approprie la matière culturelle étrangère, en extrait la moelle et y insère son système de valeurs occidentales. Sans subtilité, derrière la façade inoffensive du divertissement, est dissimulée une machine de propagande éthiquement douteuse doublée d’une conquérante des mœurs aussi dommageable qu’une armée, qu’une épidémie. L’artiste Jon McCurley récupère les récits manufacturés du septième art impérialiste pour en faire naître le discours original d’un trauma personnel. Il nous propose, avec l’exposition Skull Island, une incursion dans son histoire familiale. 

Décoloniser les esprits en récupérant les symboles du conquérant et les retourner contre lui. Ces fables douteuses sont dépliées par la vidéo, la sculpture, la littérature, et traversées d’un humour tranchant et moqueur mis en scène par un filou téméraire.  

En 2021, Jon McCurley et son œuvre Skull Island sont rattrapés par l’embarrassante et très actuelle question de la fraude identitaire. Telle une mauvaise blague, les origines autochtones de la conservatrice de la galerie qui présente son travail s’avèrent fausses, alors que Skull Island traite de l’identité double et du sentiment d’imposture qui vient avec. Pure coïncidence ou échantillon d’un enjeu social inscrit dans le réel, l’artiste annule l’exposition prévue, pour laquelle le contexte devient inapproprié.  

Précédé de cette histoire, l’Écart accueille pour une première fois l’artiste et son œuvre.  

– Texte d’Alexandre Castonguay

 

Avec son installation in situ intitulée Skull Island, Jon McCurley procède à une investigation de la diaspora, de l’identité et de la culture blanche suprémaciste. Le titre de l’exposition est le nom géographique d’une île non découverte qui est apparue pour la première fois dans King Kong, le film de 1933, et qui est réapparu comme titre lors de la relance de cette franchise, soit Kong: Skull Island. Lors d’un récent voyage au Vietnam pour visiter sa famille, McCurley a découvert que Kong: Skull Island avait été tourné près d’un petit village du nord d’où vient sa mère : Ninh Bình dans la province du même nom. Manifestement, King Kong a vécu dans une jungle à l’extérieur de Ninh Bình d’où est issue la famille de McCurley. Cette découverte a eu un impact sur un corpus de recherches personnelles et historiques à propos des représentations occidentales de l’impérialisme en Amérique du Nord, en Asie et encore plus loin.  

Skull Island renvoie à des œuvres antérieures de McCurley qui ont été réalisées alors qu’il était dans le duo Life of a Craphead (2006-2020). Ces œuvres considéraient le divertissement dans ses liens avec des récits de traumatismes de nature personnelle. Par sa propre identité de colon canadien métis de première génération, McCurley confronte les réseaux de la suprématie blanche qui propagent les fantasmes occidentaux d’une histoire du monde et d’une existence sociale. Skull Island relie l’expérience personnelle et les récits familiaux à une gamme de formes culturelles qui chosifie une esthétique envahissante d’extraction et de propagande, incluant le tourisme, les sports d’aventure, les films à grand succès, les jeux et la confiserie multinationale, c’est-à-dire les snacks.  

Les images réunies sous forme de collage dans Skull Island sont empreintes de citations puisées dans la vie de l’artiste – allant de King Kong à Cadbury, du film Tomb Raider au pont d’or au Vietnam, de Lonely Planet au Groupe des Sept, du centre Epcot à l’hôpital où est né McCurley. Grâce à la bibliographie qui les accompagne, chacune des citations invite le public à participer à une action réciproque et performative de déconstruction. 

Jenn Jackson, commissaire

English version here

Jon McCurley (né en 1982, à Toronto / Tkaronto) travaille en performance, vidéo et sculpture. Il faisait partie du duo artistique Life of a Craphead (2006–2020), et a co-fondé l’espace Double Double Land (2008-2017) en art performance. En 2018, Life of a Craphead a été nominé pour le prix Sobey. Il a participé en 2021 à la Biennale Mediacity de Séoul, en Corée du Sud et il réalisera un projet aux Jeux du Commonwealth de 2022 à Birmingham (Royaume-Uni). Jon est de descendance Vietnamienne et Irlandaise.