Saison 2023-24

Isabelle Rivest 
Rétablir 

Terminé Résidence 18-27.06.24 Littérature Sortie de résidence 27.06.24 — 5 à 7
 
Crédit photo: Audrée Giroux 
 

Voilà plusieurs mois maintenant que L’Écart et les Éditions du Quartz partagent un même espace, mais aussi, par la force des choses, des idées, des projets, de l’art. C’est dans ce contexte de mise en commun des ressources et des possibilités que l’autrice Isabelle Rivest effectuera sur place une résidence d’écriture pour son projet dramaturgique Nos mères meurent (et nous n’y pouvons rien).  

À 63 ans, Francine, la mère d’Isabelle, change. En quelques semaines, une maladie neurodégénérative l’efface d’elle-même et lui confisque le langage, la parole à partir de laquelle elle avait jusque-là cultivé son lien avec le monde. Un basculement s’opère alors que, subitement, la mort signifie aussi, surtout, la disparition. Comment réagir quand les rôles s’inversent, quand celle qui a pris soin doit être soignée à son tour, quand elle « meurt en pleine vie »? 

À partir des écrits de Francine, des artéfacts littéraires issus de sa carrière d’écrivain public (c’est un vrai métier!) et des souvenirs partagés; en voyageant autant dans le temps qu’à travers les paysages de l’Abitibi-Témiscamingue et des Îles de la Madeleine, Isabelle retrace le fil intime de sa relation avec sa mère et en dessine le portrait, de sa vitalité contagieuse à sa plus complète vulnérabilité. Dans une forme alternante entre la correspondance, le dialogue, parsemée de chansons reprises en chœur, l’autrice livre un récit empreint de sensibilité, d’humour et de sincérité. 

Pendant sa résidence à L’Écart, Isabelle aura l’occasion, entre autres, d’approfondir ses recherches sur le mouvement migratoire des Madelinots vers l’Abitibi-Témiscamingue dans les années 1940, mouvement dont sont issus les grands-parents de Francine. À travers l’histoire et la culture madeliniennes, auxquelles Francine vouait un grand attachement, Isabelle décrit le cycle des arrivées et des départs, des fragmentations identitaires et des berges qui s’érodent comme la mémoire. Mais surtout, l’autrice pourra poursuivre l’exploration et l’écriture de cette pièce conçue comme un geste de réparation entre sa mère et elle. « Je rétablis », dit-elle. 

Texte de Gabrielle Izaguirré Falardeau