Expliquer le monde, le découvrir, le voir mieux ou différemment de plus près, le scruter… presqu’à la loupe, l’interroger pièce par pièce. Le monde alors est un champ d’herbes que l’on découvre à hauteur d’enfant. Il en va de même pour la mer trop vaste pour en saisir la totalité, alors mieux vaut analyser son mouvement, sa densité, sa couleur dans une lame qui vient nous chercher. Le rocher qui surgit de la mer ou de la plaine est trop grand par sa taille à la mesure du temps passé et à venir. La nature me parle et j’établis le dialogue par le biais de techniques que je maîtrise et qui seront substituts à ma voix. C’est pourquoi l’aquarelle ou l’acrylique, selon la consonance de l’échange, seront plus indiqués. À d’autres moments, l’argile s’impose comme moyen pouvant répondre dans l’espace réel au désir que j’ai de connaître.

– Ginette Lefebvre

J’ai dit d’ailleurs que toutes choses à mes yeux avaient leur moitié de pierre et leur moitié d’écume.

– Jean Tardieu

Dans Lieu étrange, l’artiste Ginette Lefebvre vous propose de parcourir un espace intérieur fait de pierres et d’eau. Chaque pièce constitue un fragment de paysage situé dans cette zone frontière entre la mer et la terre, entre le rêve et la réalité. À partir de photographies prises à la Côte Nord, des roches sont soigneusement peintes ou dessinées. Ces roches et leur dualité lui inspirent de nouveaux espaces, de nouveaux lieux que l’artiste veut à la foix calmes et étranges, fascinants et inquiétants.