Saison 2014–15

Gaétane Godbout

S’imprégner

31.10–30.11.14
 
 
 

Créé en 1989, le Centre des artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue (CAAVAT) célèbre cette année son 25e anniversaire de fondation. Le CAAVAT est un regroupement d’environ 60 artistes représentatifs de différentes disciplines et tendances des arts visuels. Issu de ce regroupement en 1992 est né l’Écart, un centre d’artistes autogéré qui agit comme lieu de production et de diffusion en art actuel.

25 ans c’est trippant!

L’Écart tient à honorer l’artiste et membre fondatrice Gaétane Godbout pour sa participation exceptionnelle au développement et aux activités du CAAVAT pendant plus de 20 ans. Tour à tour présidente, membre du conseil d’administration, coordonnatrice artistique, membre de nombreux jurys, commissaire invitée, initiatrice de l’activité de financement Paracadre (connue aujourd’hui sous le nom de 100 $ le pied carré) et célèbre cartomancienne à Paranoël, Gaétane Godbout a su rassembler les artistes de toutes les générations autour d’un intérêt commun, l’art actuel. Pendant toutes ces années d’implication et de bénévolat, elle a contribué à faire du CAAVAT un regroupement qui lui ressemble : généreux, leader et ouvert sur le monde.

Création du CAVAAT

1987. Originaire de Malartic, Gaétane Godbout est finissante en arts plastiques à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) à Val-d’Or.
1988. Elle s’installe à Rouyn-Noranda et cherche sans succès un atelier communautaire de création.
1989. François Ruph, son ancien professeur de peinture à l’UQAT, veut mettre sur pied un symposium en peinture et l’interpelle pour être responsable du recrutement d’autres artistes bénévoles. Enthousiaste, elle accepte. À la surprise de tous, le 1er Symposium en peinture qui se tient au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda reçoit un accueil chaleureux. Dans la foulée, François Ruph et le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue se rencontrent afin de créer le futur Conseil des artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue. Le 26 novembre, tous les artistes sont convoqués à la Maison Dumulon et malgré beaucoup d’opposition, le CAAVAT est fondé. Le premier conseil d’administration élu se compose de Gaétane Godbout, François Ruph, Réal Fournier, Claude Ferron et Marthe Julien.
1990. Création et édition du livre L’Abitibi-Témiscamingue en peinture.
1992. Le CAAVAT se dote d’un lieu de diffusion : l’Écart.
1994. Situé à l’époque sur l’avenue Larivière, il emménage au 167, avenue Murdoch, son lieu actuel.
2002. Actualisation de la mission. Le Conseil des artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue change de nom et devient le Centre des artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue.
2010. C’est sous la présidence de Gaétane Godbout que le CAAVAT devient propriétaire de l’immeuble abritant l’Écart.

S’imprégner

Pour l’occasion, l’Écart invite Gaétane Godbout à exposer dans ses 3 salles d’exposition pour un Grand Écart. En plus d’avoir bénéficié d’une résidence de création à l’été 2014, elle nous présente S’imprégner, un corpus d’œuvres réalisées entre 2013 et 2014, abordant les thèmes du paysage, du voyage et de l’espace de création.

Pendant plusieurs années, le troc s’est retrouvé au centre du travail de Gaétane Godbout comme processus de création. Une occasion d’échange et de rencontre dans l’intimité de l’autre qui l’a amenée à créer des œuvres sensibles et relationnelles. Aujourd’hui, c’est dans l’acte de peindre qu’elle définit son travail de recherche. Elle pose un regard autoréférentiel sur l’expérience d’événements intimes, tangibles ou virtuels pour créer une œuvre à la fois abstraite et figurative. La qualité de la matière, la répétition du geste, le langage plastique et l’essence de la couleur forme une œuvre picturale riche et en relief.

Paysage inspiré

Cette série de peintures à l’encaustique réalisées en résidence à l’Écart en juillet 2014 s’inspire du Land Art permanent The Lightning Field de l’artiste états-unien Walter De Maria. Dans cette œuvre, l’artiste perçoit l’attente de la foudre et l’intervention des phénomènes naturels comme l’éclair. Elle visualise ces éclairs comme des lignes sensibles dans l’espace, des lumières qui apparaissent et disparaissent de manière intuitive et inattendue dans une ambiance d’incertitude.

Achevée en 1977 au Nouveau-Mexique et constituée de 400 poteaux en acier inoxydable, l’œuvre The Lightning Field capte les éléments de la nature (lumière du soleil, éclairs) et offre au témoin un spectacle saisissant.

Espace noir, été 2013

À l’été 2013, Gaétane Godbout entreprend un voyage en mission humanitaire en Afrique de l’Ouest. Cette expérience surréaliste, où la dichotomie de la modernité et de la colonisation se confond, l’entraine dans un voyage temporel bouleversant qui lui fera vivre du jour au lendemain l’enfance de son père, la richesse des rapports humains et l’état de pauvreté extrême.

En brousse sénégalaise, le territoire est vide et le soleil est orange. Un paysage sablonneux sans fin où la végétation est parcimonieuse. Une vision à perte de vue entre espoir et désespoir, une beauté à la fois enivrante et décevante, un silence s’installe. – G. Godbout.

Lieux de création

Les œuvres présentées dans ce corpus font écho à l’espace physique, temporel et expérientiel de l’artiste. On peut percevoir dans ces paysages abstraits les traits subtils qui caractérisent l’Abitibi : l’immensité des ciels, le paysage façonné par le passage des glaciers et ses 22 000 lacs et rivières, les hivers longs et froids à l’inverse de la chaleur humaine de ses habitants. C’est de façon intuitive que Gaétane Godbout aborde l’exploration de la matière et du langage visuel et qu’elle continue depuis 25 ans à s’investir dans sa pratique artistique toujours en mouvement. L’art et la vie y sont étroitement liés et l’entrainent à poursuivre une quête de sens où la biographie de son paysage quotidien est utilisée comme matériau de création.

Originaire de Malartic, Gaétane Godbout vit et travaille à Rouyn-Noranda où elle enseigne au département d’arts plastiques du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Elle a notamment exposé son travail en solo à la Salle Augustin-Chénier de Ville-Marie (2010), au Palais des arts à Amos (2010) et au Centre d’exposition de Val-d’Or (2008). Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions collectives, entre autres au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda (2013), à la Maison de la culture Frontenac à Montréal (2010), à la Biennale internationale d’art miniature de Ville-Marie (2008) et au Musée d’art contemporain de Rocksilde au Danemark (1998). Son parcours compte quelques résidences et la réalisation de plusieurs œuvres d’intégration des arts à l’architecture au Québec.