Donald Trépanier
Cantherius : désordres et désirs
J’étais à la plage du centre-ville avec quelques amis. Le temps était doux. Quelques nuages par-ci par-là perçaient le ciel. Différents projets inachevés hantaient mes pensées, ce qui me donnait un air absent. Je ne pouvais prédire leur dénouement. Ainsi, j’étais face à une multitude d’avenues possibles me donnant la chance d’être heureux dans le chaos. Vous connaissez ce vieux proverbe ? « Quand la maison est terminée de construire, la mort s’installe »?
Et poc! Je reçois un discoplane dans le dos. C’était Jean qui s’avançait vers moi. Me voyant l’air encore absent, et pour me ressaisir, il se met à me parler du rôle de l’artiste peintre dans la communauté. Ensuite, il termine son monologue sur la beauté des paysages ambigus et presque lunaires de Chang Tung Ming. Pour me protéger de l’ennui, les seules choses que je voyais étaient les gros camions servant à réparer la chaussée de l’autre côté du lac, la charpente du stand du sauveteur, quelques bikinis par-ci par-là et le discoplane qu’il avait dans la main, laquelle était la cause des élancements qui m’assaillaient dans le haut du dos.
Son propos, que je considère encore hors sujet dans les circonstances, m’a fait sombrer par la suite à l’intérieur d’un questionnement sur le chantier versus le travail de l’artiste peintre. Aussi, ai-je fait la liaison avec le fameux proverbe; la représentation de ma maison, en rénovation, allait peut-être, du moins pour un certain temps, me protéger d’une mort certaine. Comme une icône religieuse qui nous protège, affichée au mur du salon ? C’est peut-être ça, le secret d’un tableau aujourd’hui.
Donald Trépanier vit encore et travaille toujours à Rouyn-Noranda. Il a participé à plusieurs projets et expositions de groupe au Québec et en Ontario. Il se dit performeur, cascadeur, peintre et vidéaste.