Frank Polson
Karl Chevrier
Kevin Papatie
Shawn Polson Rodrigue
Virginia Pésémapéo Bordeleau
Dialogue
Commissaire: Jean-Jacques Lachapelle
L’exposition Dialogue prend appui sur un désir personnel de mieux connaitre les productions d’artistes des communautés autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue et de partager mes découvertes.
L’un des points d’intérêt de la culture autochtone de la région est son solide ancrage dans la culture traditionnelle. Le passage à des formes d’art fortement codées par l’Occident que sont la peinture et la sculpture et plus brusquement, à des formes d’un monde globalisé que sont la vidéo et la musique est fascinant chez les artistes de cette exposition. Il est évident que l’imaginaire des Premières Nations découpe le monde sous des angles différents. Il est construit d’un formidable réservoir de connaissances du continent américain. Et j’oserais dire aussi d’un grand éclat de rire!
À maintes reprises, les artistes soulignent la force qu’ils ont puisée auprès des ainés. Jusqu’à tout récemment, et peut-être encore plus qu’on aurait tendance à le croire, les ainés ont joué un rôle primordial dans la cohérence du tissu social. On retrouve dans les œuvres, sous des formes et des couleurs riches, des enseignements ancestraux. Le travail des cinq artistes les conduit à travers une quête identitaire individuelle à une véritable conquête identitaire collective.
Dialogue vous convie à prendre part à l’actualité pressante de la créativité des Premières Nations de l’Abitibi-Témiscamingue.
Jean-Jacques Lachapelle, commissaire
Détenteur d’une maitrise en muséologie, Jean-Jacques Lachapelle travaille dans les musées depuis plus de 20 ans. Il a été directeur du Rift (Galerie, Théâtre, Cinéma) à Ville-Marie au Témiscamingue de 2005 à 2013. Il a occupé le poste de coordonnateur au centre d’artistes de l’Écart en 2009. Depuis octobre 2013, il occupe le poste de directeur au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda. Ses critiques d’art ont été publiées dans le recueil Petite somme critique édité par l’Écart et la Revue Inter… art actuel.
Shawn Polson Rodrigue
Shawn Polson Rodrigue est un Métis qui a grandi dans la petite communauté de Long Point First Nation (Winneway) au Témiscamingue. Son intérêt pour l’art s’est éveillé très tôt. Il a d’abord complété un certificat en animation 3D, puis en 2013, il a terminé un baccalauréat en Beaux-Arts à l’Université Nipissing à North Bay.
Au cours de sa formation en art, la question de l’identité est devenue de plus en plus pressante pour Shawn Polson Rodrigue. Refusant d’intégrer une forme stéréotypée d’art autochtone, le jeune artiste développe autour de recueils, de récits et de légendes autochtones un vocabulaire graphique intrigant, jouant sur les codes picturaux occidentaux, mais avec des personnages issus de l’imaginaire des peuples autochtones nord-américains.
Frank Polson
Frank Polson est un Algonquin de la communauté de Long Point First Nation, à Winneway, au Témiscamingue. À deux reprises, il entreprend des études en arts, mais l’intégration à un nouveau mode de vie ne concourt pas à la réussite. Son amour de la nature et du mode de vie anishnabe (algonquin), son désir de devenir artiste l’aident à s’en sortir. Depuis plus d’une vingtaine d’années, cet autodidacte réussit à vivre de son art.
Sa peinture aux couleurs vives évoque les souvenirs anciens des jours et des nuits passés avec son père à réaliser les activités traditionnelles sur le territoire. Aussi, la faune occupe une place spectaculaire, mais dans une vision caractéristique de la culture autochtone, fondée sur la relation totémique des hommes avec la nature. Des lignes noires soulignent ces liens.
Karl Chevrier
Karl Chevrier est un artiste algonquin de Temiskaming First Nation de Notre-Dame-du-Nord au Témiscamingue. En 1992, il a commencé à créer des œuvres d’art. De 1999 à 2002, il a suivi une formation au White Mountain Academy of Arts. Véritable animateur culturel au sein de sa communauté, Karl Chevrier s’avère être un vulgarisateur auprès des populations blanches. Il a été animateur au Fort Témsicamingue, où tout au cours de l’été, il construisait devant public un canot d’écorce.
Les sculptures de Karl Chevrier, réalisées à partir de matériaux recyclés, racontent la culture autochtone. Elles évoquent de maintes façons les symboles forts, reliés aux rituels de passage, dont les ainés continuent d’être les gardiens au sein de la communauté de Temiskaming.
Kevin Papatie
Kevin Papatie est originaire de Kitcisakik, une communauté algonquine située au bord du Grand lac Victoria dans la Réserve faunique La Vérendrye. Il participe au Wapikoni mobile depuis dix ans à titre de participant, réalisateur, caméraman, preneur de son, musicien et coordonnateur. Il y a réalisé une dizaine de courts métrages.
Liberté, Trésor de lumière et L’Amendement, comme tous les films de Kevin Papatie, reposent sur une recherche formelle qui appuie le discours. Liberté qui aborde l’emprise des drogues est un film réalisé à l’aide de projections sur l’eau. Trésor de lumière, une ode à trois générations de femmes, est attentif à la lumière dans l’œil de la caméra. Enfin, L’Amendement, un vibrant plaidoyer contre la perte de la langue, est une succession de portraits en plan fixe. Cette recherche formelle donne son efficacité au travail de Kevin Papatie.
Virginia Pésémapéo Bordeleau
Originaire de Senneterre, Virginia Pésémapéo Bordeleau a profondément vécu le passage de la vie nomade à la vie sédentaire. Pensionnaire, elle aura une vie dans la culture blanche et l’autre dans la culture rouge. En 1988, elle obtient un baccalauréat en arts plastiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Son travail a été présenté au Québec, au Canada et en Europe.
Poète, écrivaine et artiste, Virginia Pésémapéo Bordeleau développe à travers son travail d’artiste un vocabulaire qui emprunte de la vision onirique et, surtout, qui revendique cette vision comme un mode de connaissance basée sur l’intuition et l’instinct. Ses œuvres ne sont donc pas des abstractions, mais une autre vision du monde basée sur le mouvement des choses ou la vision des états possibles des choses. Sorte d’écho des rêves.