Chantal Beaulieu
Gravité
Mon travail consiste à construire des objets selon la logique du langage visuel et en détournant les fonctions et les formes. Il s’agit d’une remise en jeu et en question, de la culture du doute. Il porte sur le langage du visuel, la remise en question de certains concepts arrêtés : création d’espace à l’intérieur du langage fermé de la forme figurative. C’est une ouverture du sens plutôt que l’expérience de la matière fermée en un objet fini.
À cause de la gravité : figurer. Dix petits chevaux sont suspendus face au mur. Quand lâcher serait fatal, que la gravité interdit de remonter, tout est perdu. Et c’est justement cette perte de sens qui libère l’oeuvre d’art des contraintes du drame de la vie et de la mort (l’espoir de retourner vers le haut et la crainte d’aller vers le bas). Elle survit, seule, et peut désormais se permettre 10 petites fantaisies gratuites et inutiles entre ciel et terre.
Et si le sens de la vie était la gravité? Il serait plus fort plausible de penser que le fait de se lever le matin est une action violente contre elle et qu’il en est également de même que pour le coucher. Et c’est aussi pour la contrer qu’il faut danser, voler, figurer… : pour éviter de tomber.
– Chantal Beaulieu