Anna Irina Russell
« Lo que digo nunca es lo que digo sino otra cosa »
En marge d’une information tangible, évidente, voir criarde, sied la communication inconsciente, le message résiduel et non hégémonique. C’est sur ces codes qui nous filent sous le nez, mais qui pourtant s’infiltrent et s’accumulent en nous et partout que l’artiste Anna Irina Russell fonde sa recherche. Derrière l’arbre, la forêt…
Les mammifères, les végétaux et le cosmos communiquent. Par l’émission d’ondes, de codes vibratoires, ou de faisceaux de lumière, le vivant jase. Parfois, c’est à ses propres périls qu’il émet des signaux, des messages. Dès lors que l’animal ou la plante, dont les besoins primaux, intrinsèques à sa survie, se manifeste, il, elle, se place en état de vulnérabilité en attirant possiblement vers lui, vers elle, les prédateurs. Anna Irina Russell capte ces moments de tension vive.
Par le biais de matériaux extensibles, les entretiens indiscernables environnants sont captés dans des enveloppes extensibles, des membranes qui gonflent jusqu’au point limite, jusqu’au trop plein, au débordement. Si la pellicule tient, menace alors la congestion, peut-être l’hémorragie, pire, la crise extérieure.
Lo que digo nunca es lo que digo sino otra cosa est extrait du livre « Agua viva » de Clarice Lispector (p.35).
– Texte d’Alexandre Castonguay
Anna Irina Russell est une artiste multidisciplinaire de Barcelone. Elle utilise le jeu comme outil de recherche sur les codes de communication et d’interaction. Elle s’intéresse à la transmission de l’information et la manipulation de celle-ci, en mettant l’accent sur certaines des structures préétablies que nous utilisons en communiquant. Travaillant à la fois à la distorsion et au déploiement de ses matériaux, elle occupe le site d’interférence à travers des actions participatives. Anna Irina compte parmi les artistes en résidence de Hangar et fait partie du groupe de travail de Radio Web MACBA. Ses œuvres ont récemment fait l’objet d’expositions à MACBA, La Casa Encendida, CCCB, Blueproject Foundation et Westwerk. Elle a fait des résidences en Corée du Sud, à Marseille et en Islande.