Saison 2023-24

Émile Pineault
Bottommost

Terminé Résidence 21.10-02.11.23 Sortie de résidence 28.10.23 — 5 à 7
Crédit photo: Émile Pineault et Baco Lepage-Acosta Photo: Jonathan Duval

Émile Pineault peine à tracer la frontière entre son travail artistique et la vie quotidienne. L’un et l’autre se confondent dans une commune recherche d’adéquation avec soi-même, de connexion au corps et de remise en question des normes. Depuis qu’il a quitté le monde du cirque et son – trop – imposant cadre pour laisser s’épanouir ses multiples identités de danseur, chorégraphe, performeur, commissaire et autres tâches connexes, Émile s’intéresse aux sexualités, au plaisir, aux conventions régulant les corps et aux façons de les contourner. En appelant aux sens, aux sons, aux textures, à l’action, l’artiste convie les spectateurices à  entrer en elleux-mêmes, en contact total avec leur ressenti. Incapable de penser la création en dehors de la collaboration, chaque projet est pour lui une occasion de rencontre ou d’approfondissement des relations. Cette résidence n’y échappe pas. 

Pendant leur passage à L’Écart, Baco Lepage-Acosta et Émile Pineault exploreront ensemble les premières bases de Bottommost. Ce projet qui s’inscrit dans la suite du précédent, Rockbottom, explore les dimensions et le sens du concept de bottomness, soit la posture de celui qui reçoit, dans une sexualité gay. Comment dépasser la logique de contrôle et de domination pour présenter la vulnérabilité comme une force? Comment se réapproprier les principes de la soumission pour en dégager tous ses pouvoirs? À partir d’une pratique qu’iels appellent scissoring, les artistes s’adonnent à une chorégraphie évoluant à travers les contraintes, les malaises ou l’harmonie, en exploitant les obstacles comme d’ultimes moteurs de création. Grâce à l’intervention de Simon Grenier-Poirier, l’expérience du mouvement fusionnera avec celle du son pour amplifier la rencontre des textures, le bruit des frottements, et en dégager toute la complexité, dans une expérience sensible, à l’écoute de soi et de l’autre, et triomphant de toute essentialisation du geste.

Texte de Gabrielle Izaguirré Falardeau